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Voyage au cœur d’une croissance durable et rentable

De l’économie de l’usage au paiement à l’usage en passant par l’économie circulaire. Voyage au cœur d’une croissance durable et rentable.

Par Pascal Layan, Directeur Général Délégué de BNP Paribas Leasing Solutions

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Fin de la possession et accélération de l’économie de l’usage

Qui aujourd’hui préfèrerait acheter un vélo qu’il peut trouver en libre-service ou encore des CDs, plutôt que d’accéder en ligne à une playlist illimitée ?

Les nouvelles générations n’ont pas le même goût pour la propriété et y sont moins attachées. Selon un sondage de l’Observatoire société et consommation (Obsoco), 77 % des Français disent privilégier l’usage à la possession.

Déjà, certains secteurs ont commencé à profiter de ce nouveau mode de consommation, comme par exemple l’industrie automobile qui a délaissé le crédit pour le leasing.

Cette tendance s’inscrit aussi de plus en plus dans l’univers professionnel. Quand on sait que l’activité de financement locatif pour les équipements professionnels a progressé de près de 8% en 2018, cela montre bien l’intérêt des entreprises pour ce mode de financement qui présente des avantages économiques non négligeables. Le paiement d’un loyer mensuel leur permet facilement de rapprocher un budget et un coût et de préserver leur capacité d’investissement tout en optimisant leur trésorerie.

Ce mode de financement flexible leur permet également de bénéficier des dernières innovations technologiques. L’accélération des innovations, couplée à la sortie régulière de nouveaux produits, contribue ainsi à l’essor du leasing. Avoir en tout temps accès à des équipements performants et adaptés n’est, en effet, pas une option pour les entreprises si elles veulent rester compétitives. Alors que l’achat les condamne plus ou moins à subir l’obsolescence programmée de leurs matériels, la location, elle, leur permet de s’adapter plus facilement aux évolutions technologiques et éventuelles contraintes règlementaires. Il existe cependant différentes typologies de clients pour un même produit : les ultra-technologiques qui veulent toujours disposer des dernières nouveautés et qui en font un usage intensif, et les plus modérés qui préfèrent détenir des produits technologiques qui fonctionnent mais à un prix moins élevé. Alors, comment répondre aux attentes de ces deux profils de clients ?

Economie circulaire : « Je finance, je récupère, je reconfigure et je reloue ».

L’économie circulaire constitue une des réponses à ce défi et chacun a un rôle à jouer dans ce nouveau mode de consommation plus durable et profitable à tous. Grâce aux solutions locatives, les sociétés de financement s’assurent que les équipements sont récupérés en fin de contrat et revalorisés pour leur donner une deuxième voire troisième vie. Une démarche qui ne peut se faire qu’avec les constructeurs et distributeurs d’équipement. Ces derniers se doivent, en effet, d’intégrer, dès la conception de leurs produits, leurs contraintes de reconditionnement et de recyclage. Prenons l’exemple d’une flotte de smartphones ou de tablettes informatique : il est aujourd’hui possible de récupérer, reformater, reconditionner et revendre ou relouer 98 % de ces équipements. « Je finance, je récupère, je reconfigure et je reloue ». Il s’agit d’une formidable réponse à la rareté des ressources naturelles. Cette gestion circulaire des équipements permet également la démocratisation de technologies parfois coûteuses en facilitant leur accès en deuxième vie. En effet, au bout d’un an d’utilisation, un smartphone ne correspond peut être plus aux besoins d’une entreprise X mais il pourra faire le bonheur d’une entreprise Y ou de collectivités dont le budget est plus limité.

Le principal défi est le changement de paradigme industriel qui consiste à travailler sur la durabilité des produits et à déprogrammer toute obsolescence trop rapide des produits. Cette longévité est source de revenus complémentaires pour les constructeurs qui ont, alors, tout intérêt à fabriquer des produits solides et performants dans la durée dont ils pourront récupérer une certaine valeur à la fin de leur première vie. L’entretien au cours de l’usage joue également un rôle de plus en plus primordial dans la valorisation d’un produit. Plus un produit dans sa première vie est entretenu, plus sa valeur résiduelle sera importante. C’est pourquoi de plus en plus de solutions locatives s’accompagnent de services tels que l’installation ou la maintenance des équipements. Désormais, grâce à l’IoT notamment, il est possible de suivre précisément l’usage qui est fait d’un équipement pour prévenir les pannes et ainsi allonger sa durée de vie. Mais pas que !

De l’économie de l’usage et circulaire au paiement à l’usage, il n’y a qu’un pas ?

L’IoT représente aussi le sésame qui permettra aux entreprises d’aller encore plus loin dans l’économie de l’usage en facturant leurs clients selon l’usage réel qu’ils font des équipements. Et non plus sur la base d’un loyer mensuel fixe.

Aujourd’hui certaines solutions « pay per use » existent déjà, à l’instar de Nordaq, société spécialisée dans les systèmes de filtrage d’eau, qui facture les restaurateurs en fonction du nombre de litres consommés. Ou encore les solutions de facturation à la copie pour les systèmes d’impression – copieurs et imprimantes. Mais ces solutions ne sont pas encore généralisées.

Quels sont donc les freins rencontrés et les solutions envisagées ?

Tout d’abord, pour faire payer l’usage réel d’un équipement, il est essentiel de pouvoir contrôler très précisément son utilisation. Suivre le nombre de kilomètres effectués par un tracteur, le nombre d’heures d’utilisation d’un PC, le nombre d’images réalisées avec un IRM… L’IoT et les datas générées permettent aujourd’hui de répondre à ce besoin. Mais le temps d’implémentation de ces nouvelles technologies peut être long, notamment pour les entreprises disposant d’un système existant ancien.

Par ailleurs, faire payer à l’usage réel impose aux entreprises de faire évoluer leurs business modèles. Leurs revenus ne sont plus fixes, ils sont donc moins prévisibles et plus compliqués à gérer. Il s’agit donc pour les sociétés de financement de travailler conjointement avec les constructeurs pour élaborer ces nouvelles offres de tarification à l’usage réel. Ces solutions doivent pouvoir répondre aux exigences de rentabilité des constructeurs et distributeurs et aux attentes de leurs clients finaux.

Les entreprises doivent aussi prendre en compte l’accompagnement au changement que ce nouvel business modèle entraine, notamment pour leurs équipes commerciales. Ces dernières ne vendant plus un produit mais un service, leur approche est alors très différente. La connaissance du client devient encore plus clé pour pouvoir lui proposer des offres adaptées. Le paiement à l’usage représente donc à la fois une contrainte, dans les changements qu’elle entraîne, et des opportunités. Les données obtenues permettent en effet aux entreprises d’obtenir plus d’informations sur leurs clients et ainsi d’adapter leurs offres pour rester compétitives.

Une opportunité pour les entreprises en France

La France dispose de tous les savoir-faire pour réussir cette mutation, aussi bien technologique que financière. Elle est pionnière en Europe sur le financement locatif, avec deux acteurs majeurs qui dominent le classement du marché européen. La France peut donc facilement devenir le fer de lance de cette nouvelle forme d’économie à travers l’Europe. Les PME et ETI françaises, qui déplorent parfois le manque d’accès aux crédits, disposent en réalité d’autres solutions de financement pour changer la donne et les usages de leur marché, pour créer un nouvel écosystème concurrentiel en faisant payer à leurs clients un prix juste, d’apparence plus accessible mais pas moins margé. Une solution gagnante/gagnante pour le constructeur, l’entreprise utilisatrice et la planète !

La question n’est plus de nous demander si nous allons basculer vers une économie de l’usage toujours plus circulaire mais plutôt comment accompagner les entreprises et institutions pour les aider à changer leurs façons de financer leurs équipements ? Tels nos ancêtres qui partaient vers la ruée vers l’or, il existe aujourd’hui une course vers l’Eldorado de l’économie de l’usage, à nos PME et ETI françaises de saisir cette opportunité pour être nos moteurs de croissance de demain. A nous tous d’en faire bon usage !